Reprise des activités
par l’APFB, à l’occasion de la reprise des activités scolaires
L’APFB participe à la Première
Journée du Projet « Pépinières francophones »
La
journée s’est déroulée
le samedi 21 octobre 2017 au Collège Catholique Père Aupiais de Cotonou.
Mis en œuvre par le Service de Coopération et d’Action Culturelle de
l’Ambassade de France près le Bénin, le Projet « Pépinières
francophones » en Afrique subsaharienne ouest francophone implique trois
établissements partenaires que sont : le Collège Catholique Père Aupiais
de Cotonou (établissement catholique), le Lycée Mathieu Bouké de Parakou et l’Etablissement
Français d’Enseignement, EFE Montaigne de Cotonou. En tant que partie prenante
au Projet, l’Association des Professeurs de français du Bénin a pris part à la
première journée dudit Projet qui a été lancée par le Conseiller de Coopération
et d’Action Culturelle, M. Jean-Michel Kasbarian.
Dans
le cadre du démarrage des activités du Projet, l’établissement hôte a accueilli
les enseignants des établissements partenaires. L’APFB était représentée au
niveau de son bureau exécutif national ainsi que par une délégation venant du
Borgou Sud.
La journée de travail riche en enseignement a
démarré par une conférence érudite donnée par le Professeur Okri Pascal Tossou,
Maitre de Conférences des Universités du CAMES et Chef du département des
Lettres Modernes à l’Université d’Abomey-Calavi. Avec pour thème prétentieux
mais judicieux : « Pourquoi enseigner la littérature ? ». Le
conférencier a séduit le public par son approche scientifique, claire, dense et
accessible du sujet.
Le
développement proposé a suivi une charpente à trois étapes : appréhension
du concept de littérature, pourquoi ce thème ? et enfin, des vertus de la littérature.
Avec un postulat de départ, affirmant sans ambages qu’il ne conçoit de
littérature que lorsqu’il y a une langue, une civilisation et des acteurs, le Pr.
Tossou a circoncis le champ de sa conférence avec la précision qu’elle couvrira
à la fois, la littérature orale et la littérature écrite, la littérature
française et la littérature africaine d’expression française.
A
la question pourquoi le thème ?, le conférencier est parti de comparaisons,
de citations de personnes qui trouvent la littérature totalement inutile. En
effet, le besoin même de réfléchir sur la nécessité d’enseigner la littérature
proviendrait de ces appréhensions erronées reçues et partagées et qui tentent
de comparer la littérature à d’autres arts,
métiers ou à d’autres fonctions.
En réalité, beaucoup conçoivent mal l’apport de la littérature sur un
terrain de guerre, où les blessés et les morts se comptent par milliers où seul
la médecine a compétence, dans un environnement de panne de moteur où les
services d’un mécanicien sont attendus. Il y a eu même des citations d’auteurs
célèbres qui sont partis de ces étalages d’ignorance pour développer leur
thèse. Ainsi de Claude Roy qui indique que « la littérature est parfaitement inutile » ou de Jean Paul
Sartre qui s’interroge « A quoi sert
la littérature dans un monde qui a faim?»
Le
professeur Okri n’a pas hésité à battre en brèche toutes ces craintes en
proposant ses a priori de l’idée
qu’il se fait clairement de la littérature. La littérature est selon lui :
sensibilisation, avertissement, discours de l’âme, censure… Et ces qualités
constituent le sous bassement des vertus de la littérature sur lesquelles il va
s’étendre.
La première des vertus
est l’édification. Reprenant Chateaubriand pour qui « Tout arrive par les idées, elles produisent les faits, qui ne leur
servent que d'enveloppe, » toute une argumentation selon les âges a
été montée autour de l’utilité de la littérature. La Bible, livre le plus lu
qui renferme les idées les plus édifiantes, le moyen-âge avec ses moralistes
qui ont tenté de redresser la société, le siècle des Lumières avec ses idées
qui ont conduit à la Révolution française, le mouvement de la contestation en
Afrique entre 1950 et 1960 avec Ferdinand Oyono (Une vie de boy, le vieux nègre et la médaille), Eza Boto (Ville cruelle), Sembene Ousmane (Les bouts de bois de Dieu), qui ont
conduit aux indépendances africaines.
La
deuxième vertu qui découle de la première est l’engagement. Là encore, avec
Rabelais « science sans conscience
n’est que ruine de l’âme », idée reprise abondamment par les
mouvements littéraires du XXème siècle
qui ont constaté l’échec de la science qui, loin de sauver l’humanité, l’a
conduite à deux guerres mondiales. Et de grands noms francophones seront
énumérés pour leur engagement certain : Jean Paul Sartre, André Gide,
Simone de Beauvoir, Le Clezio, mais aussi Alioum Fantouré, Sony Labou Tansi.
Et
le professeur de contre attaquer avec un questionnement légitime :
Pourquoi veut-on que la littérature soit aussi efficace que la science ?
Sa réponse viendra, d’abord par une dénégation : le rôle de la littérature
ne peut être quantifiable. Puis par une phrase interrogative : pourquoi
pourchasse-t-on les écrivains si la littérature ne servait à rien ? Un tel
développement a pu se conclure par une prise de position claire et nette en
faveur de l’enseignement de la littérature. Ainsi, à la question de savoir
pourquoi enseigner la littérature, le Professeur propose une citation de Stevenson
« Les livres dont l’influence est
plus durable sont les œuvres de fiction. » et une autre de Emil Cioran : « Lorsqu’on refuse à reconnaitre les
caractères interchangeables des idées, le sang coule », etc.
Les
enseignants comblés, ont été ensuite conviés à deux ateliers : « Quand le personnage du roman se révèle » animé par Stéphanie
Rochatte de l’EFE Montaigne de Cotonou et « pêche en lignes croisées » animé par Calixte Sodjinou du
Collège Père Aupiais de Cotonou.
La
journée a pris fin avec la présentation du réseau social If-PROFS par Méline
Malifot de l’Institut français du Bénin.
Anicet
Fyoton MEGNIGBETO
SG/APFB
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