Bénin/ Visite de la cité lacustre de Ganvié par une délégation algérienne

Dr Tanina HALOUANE S’EXTASIE 


 


Il est des choses et des endroits qui nous marquent en un instant, en un regard, une émotion, une pensée...

Il est des endroits "électrochoc" qui, l'espace d'un songe, nous bouleversent à jamais, ils nous troublent non par une beauté répondant aux normes standards mais par une authenticité qui nous plonge dans la profondeur de l'âme...

Ganvié, petit village flottant près de Cotonou, au cœur du Bénin, petit village incontournable, petit village, grandes impression.

Lorsque je m'y rendais sur la barque qui nous berçaient, mes amis et moi,  bavards et blagueurs, j'étais loin de me douter qu'à notre retour, à peine deux heures après, nous serions muets, à ne point savoir quoi dire et que taire...

Arrivés sur place, les premières barques paraissaient, une première conduite par enfant qui avait à peine l'âge de tenir correctement un stylo, puis une deuxième aux commandes d'une femme enceinte, puis une troisième, une quatrième et plein d'autre aux capitaines et profils aussi intrigants et singuliers les uns que les autres !

Ce voyage à quelques kilomètres seulement de la terre ferme défie toute logique et  frontière terrestre, il nous conduit droit vers nous-mêmes parce qu'au retour, ni notre voiture de luxe, ni notre appartement au confort du 21ème siècle n'ont de sens, ils ne sont plus que matière, plus que poussière...

À Ganvié, j'ai vu des enfants, des femmes et des hommes purs portant les traits de la nature, les traits de l'harmonie qui les lie intrinsèquement au monde qui les entoure, j'y ai vu aussi le bonheur aux couleurs bien différentes de ce qu'il fut, à mes yeux, depuis toujours...

À Ganvié, j'ai vu des gens souriants, crispés, occupés, des gens tenant leurs commerces, d'autres coiffant leurs enfants à la lumière du jour ou encore cuisinant sur les balcons de leurs modestes demeures... À Ganvié, j'ai vu la vie et le monde marchant pieds nus...

À Ganvié, j'ai vu la candeur, la paix et la sérénité mais à Ganvié, j'ai vu aussi mes choix, j'ai revu les formes de ce que j'ai toujours cru carré et vu mon reflet dans l'eau opaque me posant la seule question que m'inspirait cet endroit lugubre et qui, à présent me taraude : suis-je réellement heureuse ?

 

Dr Tamina HALOUANE

Enseignante universitaire en Algérie,

Département de langue française

Spécialités: Sciences du langage

Affiliée à la CNEFA( Cordination Nationale des Enseignants de Français d’Algérie)

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