Bénin/Goncourt choix du Bénin

 Le Bénin lance la première édition du Goncourt choix du Bénin

(Mohamed Mbougar SARR, lauréat Goncourt 2021, Parrain – prestigieux de cette première édition)

Le Bénin rejoint les nombreux pays à participer aux Goncourt internationaux. Souhaité par l’Association des professeurs de français du Bénin (APFB) et par les deux établissements d’enseignement français au Bénin, accompagné par l’Institut français du Bénin et soutenu par le Ministère du tourisme, de la culture, et des arts (MTCA), le prix Goncourt choix du Bénin a officiellement été lancé le 22 novembre 2025.

 

L’écrivain sénégalais Mohamed Mbougar SARR, lauréat Goncourt 2021, parrain – prestigieux s’il en est - de cette première édition, était présent à Cotonou ce samedi 22 novembre pour ce lancement, programmé dans le cadre du Salon national du livre du Bénin organisé par l’Agence pour le développement des arts et de la culture (ADAC) et le MTCA. Il a rencontré à cette occasion les dix enseignants participants au Goncourt choix du Bénin. La cérémonie de vote et le choix Goncourt du Bénin aura lieu le samedi 16 mai 2025 à Cotonou. 

 

Pour présenter ce prix, voici les mots de Christophe AMOUSSOU, enseignant de français et de lettres au CEG Les Cocotiers, l’un des encadreurs du projet.

 

“L’aube du 21 novembre 2025 a marqué une date discrète mais décisive dans la jeune histoire de la vie littéraire béninoise. Sous l’égide de l’Ambassade de France au Bénin et de l’APFB, dix encadreurs, venus de Cotonou, de Porto-Novo, d’Abomey-Calavi, de Lokossa, de Parakou et de Natitingou, ont convergé vers l’Institut Français du Bénin pour un conclave studieux consacré à l’élaboration de la feuille de route du Prix Goncourt – Choix du Bénin, première déclinaison nationale de ce prix qui, ailleurs dans le monde, confie déjà depuis plusieurs années la voix souveraine aux lecteurs du secondaire.

Dans l’une des salles lumineuses de l’Institut Français du Bénin, à Cotonou, les enseignants encadreurs venus du CEG Les Cocotiers (Porto-Novo), du Collège catholique Notre Dame de Lourdes de Dowa (Porto-Novo), du CEG Sainte Rita (Cotonou), du Lycée International Français Pierre Manoël Talon (Cotonou), du CEG 1 d’Abomey-Calavi, du Collège Catholique de Lokossa, de l’Établissement Français d’Enseignement Montaigne (Cotonou), du Collège Catholique Saint François de Sales de Parakou, du Collège Catholique Saint Pierre de Natitingou et du Collège Catholique Saint Jean de Cotonou, soigneusement sélectionnés par l’APFB, ont siégé autour de la table inauguratrice de ce Prix impliquant des élèves de Terminales dans la sous-région. Leur mandat : bâtir une architecture claire, à la fois rigoureuse et vivante, pour guider le travail des futurs apprenants-jurés.

La rencontre, ouverte par Soria Dworjack, Attachée de Coopération pour le Français et Directrice du Centre de Langues, s’est déployée sous la conduite exigeante et méthodique de Laurann CLÉMENT, consultante, et sous l’œil superviseur de l’APFB représenté par son Secrétaire Général, Anicet MEGNIGNETO. La consultante a mené les participants à travers les enjeux du projet. Et, progressivement, les discussions ont pris la forme d’un chantier collectif où chaque voix, chaque expérience, chaque contrainte institutionnelle, a résonné pour donner corps à l’opérationnalisation du projet. Il s’agit de définir le mode de rotation des ouvrages à lire chez les élèves-jurés, les modalités de lecture active à appliquer, le cadre approprié des débats argumentés, les fiches d’analyse, la dynamique des clubs de lecture à l’interne dans chaque établissement ainsi que l’orthodoxie organisationnelle à imprimer au vote final qui réunira les cent élèves-jurés appelés à désigner le tout premier lauréat du Goncourt – Choix du Bénin.

Les jeunes lecteurs auront à pénétrer dans l’univers littéraires denses et riches des œuvres suivantes : La nuit au cœur de Natacha Appanah, (Prix Fémina 2025), Kolkhose d’Emmanuel Carrère, (Prix Médicis 2025), La maison vide de Laurent Mauvignier, (Prix Goncourt 2025), Le bel obscur de Caroline Lamarche (Prix Pierre Mac Orlan 2025).

Quatre œuvres donc qui, par leurs rythmes, leurs tourments, leurs épaisseurs narratives, exigeront des élèves une lecture attentive, vigilante, où la sensibilité doit se faire scalpel et la pensée, un instrument d’écoute.

Au fil des heures, les débats entre encadreurs se sont tissés comme un nid d’oiseau en construction. Les participants y ont parlé de compétences critiques, de pédagogies efficaces, des manières d’accompagner les adolescents-jurés vers un jugement critique, argumenté et responsable. Ils ont eu à évaluer les forces des clubs de lecture, l’hétérogénéité des publics, les écarts des moyens matériels et les réalités spécifiques à chaque établissement. De ces échanges nourris est née une méthode commune, souple mais ferme, qui permettra à tous de marcher au même rythme tout en respectant les singularités de chacun.

À la fin de la journée, s’est imposé un consensus clair. Le pays dispose désormais d’un mode opératoire précis, capable d’orchestrer les débats, les ateliers, les lectures comparées et le vote final. Cette réunion de travail porte en elle la conviction que la littérature, lorsqu’elle est confiée à des esprits jeunes, ardents et encore libres de toute posture, retrouve une forme d’innocence aiguë, d’intelligence vibrante. Le Goncourt – Choix du Bénin ne sera pas seulement un prix, mais un espace d'éveil, un laboratoire de lectures, une célébration du jugement critique, un territoire où les mots se mesureront à la conscience naissante d’une génération.

Désormais, l’aventure peut commencer. Dans les classes, sous les arbres des cours de récréation, entre les doubles pages des cahiers annotés, les romans voyageront de mains en mains. Et, au terme de cette traversée, un lauréat surgira, élu par les voix fermes et neuves de Terminales béninois, donnant au pays un nouveau lieu de rencontre entre l’école, la littérature et la citoyenneté critique.

La mécanique étant désormais prête, elle n’attend plus que l’engagement des cent jurés dont la voix fera résonner, pour la première fois, un verdict littéraire porté par la jeunesse béninoise.”