Roukiata Ouedraogo éblouit l’auditorium de l’Institut Français du Bénin par une conférence inaugurale époustouflante. Une véritable Master class
Le public béninois était convié ce matin du jeudi 13 mars 2025 à l’auditorium de l’Institut français du Bénin dans le cadre des rencontres internationales de la Bande dessinée, une initiative portée par le projet Ressources Educatives au Bénin. Commencé depuis le 10 mars, c’est ce jeudi 13 que la conférence inaugurale de l’évènement a eu lieu. L’honneur était échu à Madame Roukiata Ouedraogo, auteure et humoriste, de plancher devant un parterre de personnalités dont notamment l’Ambassadrice de France au Bénin, Madame Nadège Chouat et Monsieur William Codjo, Directeur de l’Agence de Développement des Arts et de la Culture du Bénin.
Lyrique, volubile, poétique,… la présentation de Madame Roukiata Ouedraogo, a fait passer le public par toutes les émotions. De la compassion à l’admiration, c’est par une salve d’applaudissements que le public debout a salué la prestation de la conférencière qui aura tenue en haleine l’assistance quarante minutes durant. Intitulé « Raconter l’Afrique en français, bande dessinée, identité et mémoire collective » Roukiata Ouedreaogo a saisi l’occasion et le micro de l’auditorium pour présenter son Afrique à elle. Une Afrique qu’elle vit à travers une francophonie vivante, nécessaire et futuriste. En effet, le récit de d’Afrique selon sa vision ne s’est pas fait sans elle-même. C’est pourquoi l’itinéraire de sa vie de Ouagadoudou à Paris a été racontée à travers les différentes péripéties de jeune négresse tombée dans la neige comme la citronnelle de Gisèle Hountondji : raillerie, moquerie, racisme ouvert, latent et violent. La sévérité de la neige face à une enfant du soleil, la dureté du monde de l’emploi et finalement la lueur avec les cours Florent et l’émission « Par Jupiter » sur France Inter. Un parcours atypique avec des ronces et des épines qu’elle a su transformer en perle pour en faire une parure à travers laquelle le monde de l’édition, de l’art dramatique et de la Bande dessinée vont lui ouvrir les portes.
Raconter cette vie selon Roukiata, c’est faire vivre la Francophonie. Une Francophonie vue de l’Afrique qui part d’un rapport originel violent avec la langue française, mais qui finit par une adoption et un renversement colonial comme le dirait l’écrivain Moudjib Djinadou dans Mais que font donc les dieux de la neige ? L’Africain a en effet aujourd’hui un avantage sur la langue française puisqu’à partir des techniques d’hybridation langagière, il parle une langue qui n’est plus véritablement la langue française, mais une langue nouvelle qui se sert de mots français et de néologismes pour une sensation linguistique agréable chez le lecteur et le locuteur. C’est pourquoi, Roukiata a refusé tout snobisme à l’opposé de ce personnage d’Alain Mabanckou dans Bleu blanc rouge pour rester elle-même. Et cette authenticité reconnu par Madame l’Ambassadrice de la France au Bénin fait la richesse de la Francophonie et répond aux idéaux de ses pairs fondateurs : la diversité dans l’unité.
Anicet Fyoton MEGNIGBETO
SG/APFB
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